Jeanne Salomé

septembre 2014

M. Kheng et Nou Chandeth, un avocat d’IBJ

M. Kheng et Nou Chandeth, un avocat d’IBJ

En juin 2013, dans la province de Kampong Thom, Kheng [1] venait de quitter la maison de sa mère à moto lorsqu’il fut arrêté par la police. Ne comprenant pas ce  qu’il se passait, il se débattu avec les policiers qui essayaient de l’arrêter. Les policiers l’ont ensuite mis en garde à vue et interrogé. Il apprit alors qu’il était accusé de vol avec violence, crime commis la veille dans la province voisine de Siem Reap. Kheng, qui n’avait jamais entendu parler de ce vol, n’était en aucun cas impliqué dans l’incident. Alertés par leurs collègues de Siem Reap, les policiers de Kampong Thom étaient à la recherche de suspects et ont décidé d’arrêter Kheng probablement parce que celui-ci avait déjà été jugé pour port d’arme illégal dans le passé.

Pendant la garde à vue,  la victime du vol fut convoquée pour identifier le suspect. Elle a clairement affirmé que Kheng n’était pas l’auteur du vol, déclarant qu’il ne lui ressemblait pas du tout.  Les policiers ont néanmoins décidé de garder Kheng en garde à vue afin de pouvoir continuer à  l’interroger. Kheng leur répéta qu’il ne savait rien et qu’il revenait simplement  de la maison de sa mère au moment de l’arrestation. Les policiers ont tout de même affirmé dans leur rapport que Kheng était l’auteur du crime, qu’il avait avoué et plaidait coupable.  Lorsqu’ils lui ont demandé de signer le rapport Kheng n’a pas réussi à le lire tant la pièce était sombre et ses yeux enflés du fait de l’altercation lors de son arrestation. Il n’eut d’autre choix que de le signer, sans pouvoir le lire correctement  et fut donc placé en  détention provisoire.

Heureusement, Kheng avait entendu parler d’IBJ à la radio lors d’une émission expliquant le rôle de l’avocat de la défense et de la possibilité de demander une assistance juridique dans l’un des bureaux provinciaux d’IBJ (Defender Resource Center). Après deux mois de détention provisoire, il put finalement demander à sa famille de contacter l’avocat d’IBJ basé dans la province de Kampong Thom qui le représenta lors de son procès en février 2014.

Le rapport de la police étant faux,  Kheng présenta sa propre version des faits lors du procès. Son avocat souleva le manque de crédibilité des preuves qui n’étaient constituées que du rapport de la police. Il appela la mère de Kheng à témoigner devant le tribunal et elle confirma qu’ils étaient ensemble avant l’arrestation. Il appela également la victime du vol qui réaffirma que Kheng n’était pas le coupable. Enfin, l’avocat d’IBJ souleva le droit à la présomption d’innocence reconnue par la Constitution cambodgienne et le Code Pénal Cambodgien. Les juges rendirent leur décision en mai 2014 et Kheng fut acquitté et libéré.

Kheng aura passé 9 mois et 21 jours en prison, dans une cellule de 10 mètres sur 5 avec plus que 60 prisonniers. Il ne pouvait voir sa famille qu’une ou deux fois par mois, pendant 15 minutes maximum. Malgré un sentiment de profonde injustice, Kheng est resté convaincu qu’il serait innocenté mais s’est beaucoup inquiété pour sa femme qui, enceinte de leur deuxième enfant, était seule à s’occuper de leur ferme.

Fort heureusement, Kheng savait qu’il avait le droit  à un avocat grâce aux émissions de radio émises par IBJ. Il est aujourd’hui très reconnaissant en vers IBJ de l’avoir aidé et ne cesse d’en parler autour de lui et d’informer ses voisins des  services d’aide juridique gratuits d’IBJ.

[1] Nom changé.